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Chine / Taïwan

Visite historique d'un ministre chinois à Taiwan

C’est une journée historique. Pour la première fois en 65 ans, un ministre chinois, Zhang Zhijun, est en visite à Taiwan pour quatre jours. La Chine revendique toujours la souveraineté de l’île de 23 millions d'habitants, depuis la séparation des deux territoires en 1949 et la guerre civile entre nationalistes et communistes. Cette visite officielle est à resituer dans un contexte de détente entre les deux rives.

Taïwan : Zhang Zhijun (g.), «directeur» chinois des Affaires taïwanaises, sert la main du vice-ministre taïwanais aux Affaires continentales Chang Hsien-Yao (d.), après son arrivée à l'aéroport de Taoyuan, le 25 juin 2014.
Taïwan : Zhang Zhijun (g.), «directeur» chinois des Affaires taïwanaises, sert la main du vice-ministre taïwanais aux Affaires continentales Chang Hsien-Yao (d.), après son arrivée à l'aéroport de Taoyuan, le 25 juin 2014. REUTERS/Pichi Chuang
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Avec notre correspondant à Taipei,

Ce rapprochement s’est fortement accéléré depuis l’arrivée au pouvoir de Ma Ying-Jeou en 2008. En six ans, de nombreux accords économiques ont été signés, et des premiers vols directs ont même été mis en place entre les deux rives. Tout cela s’est finalement illustré par une poignée de main symbolique à Nankin en février 2014, entre le ministre taïwanais en charge des Affaires continentales et son homologue chinois. Mais attention, pas question pour autant d’évoquer le statut de Taiwan, qui reste un sujet tabou entre les deux pays.

L’indépendance de Taiwan est toujours aussi polémique, 65 ans après la guerre civile. Le parti communiste chinois revendique en effet toujours la souveraineté de Taiwan, considérée officiellement comme une « province rebelle ». Exemple il y a deux semaines, la porte-parole du ministre des Affaires étrangères chinois a déclaré que l’intégrité nationale de la Chine devait être décidée par l’ensemble du peuple chinois, y compris les Taïwanais. À cela Taipei a répondu que l’avenir de Taiwan devait être décidé par tous les Taïwanais, excluant de fait les Chinois. Même si les armes ont été partiellement déposées, la bataille des mots, elle, continue de faire rage.

 → À (RE)LIRE : Taïwan: violents heurts entre manifestants et policiers à Taipei

À Taiwan, ce rapprochement avec la Chine fait en effet grincer des dents. Beaucoup de Taïwanais sont très attachés à leur identité nationale. Or, Pékin reste officiellement bien décidé à gagner le bras de fer qui l’oppose à Taipei depuis six décennies. Et faute d’intervenir militairement, la solution douce, c'est de passer par l’économie. L’île est aujourd’hui très dépendante de la Chine et l’opposition craint que les accords signés par les deux pays ne renforcent un peu plus cette dépendance. Cette peur a finalement explosé au grand jour au printemps, quand le Parlement a été occupé par des manifestants pendant près de trois semaines. La visite du ministre chinois pourrait donc raviver ces tensions, alors qu'un accord économique très polémique est en ce moment en discussion dans l'hémicycle.


Manifestations à Taiwan, incompréhension en Chine

Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt

Pour faire profil bas et éviter que sa visite ne prenne une allure trop diplomatique, Zhang Zhijun, le responsable chinois pour les Affaires taïwanaises (appelé directeur et non ministre par les médias chinois), prendra soin d’éviter la capitale Taipei et devrait se contenter d’aller à New Taipei City - toute proche -, à Kaohsiung, Taichung et Changhua, dans le but d’y ouvrir des bureaux de liaison locaux.

Il n'est pas certain que cette tactique soit la bonne : le camp pro-indépendantiste de Taiwan a en effet promis de manifester tout au long de son séjour. En Chine, on s’étonne de cette opposition au rapprochement sino-taïwanais. « Zhang Zhijun se rendra à Taiwan les oreilles grandes ouvertes » titre ce matin l’agence d’Etat Chine Nouvelle, et le South China Morning Post de Hongkong cite un chercheur : « Pékin veut comprendre pourquoi les échanges commerciaux rencontrent une telle opposition, échanges pourtant censés profiter au peuple taïwanais. »

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